Objectif : déconstruire les idées reçues et prendre conscience des conséquences sur les victimes pour devenir un.e interlocuteur.rice attentif.ve
Lorsque l'on parle de violences sexistes et sexuelles, et notamment de harcèlement sexuel, nous avons tous et toutes nos à priori, ce qui est tout à fait normal.
Nous allons tenter ici de contrecarrer certains d'entre eux pour donner une idée plus précise des contours de ces violences et désamorcer les ressorts qui se cachent derrière ces a priori.
Faites glisser chaque proposition les cases « Vrai » ou « Faux » et découvrez les explications.
On pourrait penser que certains types d'entreprises sont épargnés par les violences sexistes et sexuelles au travail mais ce n’est pas le cas. Cela devient flagrant lorsque l’on se rappelle du chiffre d’une femme sur trois confrontée à des comportements sexistes ou sexuels au cours de sa carrière professionnelle. Ces phénomènes existent bien dans tous les secteurs professionnels et tailles de structures : entreprises internationales ou familiales, de l'industrie ou des services, professions administratives ou de terrain, etc.
Certains secteurs peuvent toutefois être plus propice à l’apparition de ces violences notamment ceux où la précarité, la pression managériale, le turn over, les horaires décalés et supplémentaires sont légions, comme c’est le cas de l’hôtellerie-restauration par exemple. Ces conditions de travail difficiles sont un "terreau plus fertile" à l’apparition des violences sexistes et sexuelles au travail car les victimes auront plus de mal à les dénoncer (peur accrue de perdre son emploi, fatigue, manque de soutien, "culture d'entreprise" très forte, absence de relais syndicaux…)
Cette affirmation participe au déni des violences dans son environnement proche.
Explications :
A nouveau, si une femme sur trois a déjà été victime de harcèlement sexuel, c’est bien que cela peut arriver à tout le monde. Il est important de se rappeler que les situations médiatisées ne sont pas les seules situations, mais la partie émergée de l’iceberg ! Toutes les femmes y compris celles exerçant une profession de pouvoir, ou avec un fort caractère, peuvent un moment de leur vie, être victimes de violences sexistes et sexuelles au travail.
Il est toutefois fréquent que les situations démarrent ou empirent à un moment de fragilité dans la vie de la victime, causé par une séparation, un déménagement, l’hospitalisation ou le deuil d’un proche, etc. Le harceleur peut profiter d’un "moment de faiblesse" de sa victime pour démarrer ou amplifier son emprise.
Les expertises psychiatriques qui sont réalisées lors des procédures pénales révèlent que les agresseurs sont conscients de leurs actes et savent faire la différence entre le bien et le mal. Par ailleurs, ils mettent en place de nombreuses stratégies visant à construire une véritable emprise sur leurs victimes et assurer leur impunité, ce qui invalide l'idée de "pulsions incontrôlables".
Cette idée reçue contribue à déresponsabiliser les auteurs qui seront réduits à un supposé problème psychologique.
La différence entre séduction et harcèlement réside dans le consentement. Lorsqu'un personne souhaite en séduire une autre, elle a des propos et des comportements respectueux : elle est attentive et à l'écoute des réactions de l'autre. Les relations souhaitées sont égalitaires et réciproques. La personne se sent en sécurité, elle va même contribuer à nourrir la relation naissante.
A l'inverse, la personne qui harcèle veut imposer ses choix, et ne tient pas compte des désirs et du consentement de l'autre personne. La victime est mal à l'aise, humiliée, en colère, impuissante et cherche à éviter de se retrouver avec la personne qui harcèle.
Draguer = un rapport d'égalité / Harceler = un rapport de domination
Les propos à caractère sexuel et le comportement déplacé d'un.e salarié.e à l'égard de personnes avec lesquelles il ou elle travaille et survenus en dehors du temps de travail ou du lieu de travail peuvent faire l'objet de sanction disciplinaire. Si le lien qui préexiste entre les personnes est le travail, alors l'employeur doit se saisir pour faire cesser et sanctionner le harcèlement sexuel afin d'assurer la sécurité et de garantir la santé des travailleurs ou travailleuses.
Cette affirmation est une des raisons pour laquelle beaucoup de victimes n’osent pas dénoncer les violences qu'elles subissent ou aller devant les tribunaux. Même si, bien entendu, la question de la différence de poids entre la parole d’une victime et celle d’un auteur, de surcroît avec du pouvoir, n’est pas à minimiser, il est primordial de faire entendre aux victimes potentielles qu’elles peuvent également avoir "des armes" dans ce "combat" qui sera le leur si elles choisissent de se saisir d'un tribunal.
Il n'y a presque jamais de témoins directs des violences. Lors d'un procès ou dans le cadre d'une enquête interne, c'est donc ce qu'on appelle le "faisceau d'indices graves et concordants" qui va servir à étayer le propos de la victime.
Il sera ainsi capital de garder toutes traces d’éventuels échanges écrits (mails, sms...), tout certificat médical attestant de symptômes liés aux violences subies (anxiété, dépression, troubles alimentaires...), les entretiens annuels (attestant de baisse de productivité ou d'absentéisme par exemple), des attestations de proches sur les éventuels changements dans le comportement de la victime, des photos des mots ou photos laissées sur le poste de travail, etc.
Tous ces "indices" qui, pris séparément peuvent paraitre anodins, vont en réalité permettre de contextualiser les violences et d'en cerner les conséquences afin de constituer un dossier aussi solide que possible. Celui ci se basera sur l'élément principal : le récit écrit, précis et circonstancié de la victime.